Un site web de e-commerce qui propose des objets design soumis par une communauté de designers, que l’internaute pourra ensuite personnaliser et acheter à prix usine.
Le concept est relativement simple : tout commence par un designer qui propose une idée de meuble ou d’objet pour la maison. Prenons l’exemple d’un canapé répondant au nom de «Coconut». Son créateur a réalisé une visualisation de l’objet par ordinateur et il le soumet au vote de la communauté. Si ce canapé à la consonance exotique est plébiscité dans les votes, l’Usine à Design réalisera une étude de faisabilité avant de produire ce modèle qui sera ensuite en vente sur la boutique en ligne.
L’internaute pourra ensuite personnaliser l’objet sur des critères de couleur, de matière et de confort avant de se le faire livrer.
Le créateur du canapé recevra évidemment des royalties sur les ventes réalisées.
Prenons l’exemple de l’une des meilleurs ventes de l’Usine à Design : le canapé Chesterfield.
Vous choisissez le revêtement (cuir ou simili-cuir) ainsi que sa couleur (parmi une cinquantaine), puis celle des coussins et des boutons. Vous finissez enfin en choisissant le confort avec la possibilité d’échanger la mousse contre de la plume d’oie pour un résultat plus ou moins ferme.
Le fait est que grâce aux 300 millions de combinaisons pour ce même meuble, votre canapé et celui du voisin n’auront probablement rien à voir.
Qui est derrière l’Usine à Design ?
Tout a commencé à HEC School of Management, école qu’a fréquenté l’ensemble des fondateurs de l’Usine à Design, même si 3 l’ont fréquenté en tant qu’étudiants et un dernier en tant qu’encadrant professionnel.
C’est pourquoi les fondateurs, Vincent, Charles, Emilie ont tous dans les 26 ans, alors que Toni en a 60.
Emilie Gobin, qui se désigne comme chef d’orchestre de l’Usine à Design, décrit HEC Entrepreneurs comme étant la formation où l’on vous jette à l’eau, puis vous devez ensuite apprendre à nager. C’est ainsi que les différents fondateurs de l’Usine à Design ont fait leur entrée dans l’entrepreneuriat en se penchant sur des cas pratiques où vous devez réellement aider des sociétés.
Mais l’idée à l’origine de l’Usine à Design, ils l’ont eu en étant confrontés au même problème que la plupart des étudiants, ce que Emilie désigne comme étant «le calvaire de devoir meubler son appartement».
Si vous avez des envies de déco, vous devez bien souvent les oublier faute de moyen. Et de ce fait, lorsque vous allez chez des amis, vous découvrez qu’ils ont exactement les mêmes meubles que vous jusqu’à en avoir la nausée en découvrant la sempiternelle bibliothèque Billy «made in Ikea».
Bref, les 4 comparses ont été obligés de constater la morosité de ce marché et son manque d’innovation.
Déformation HEC Entrepreneurs oblige, ils se sont retrouvés avec le concept de l’Usine à Design.
Et dans leur envie de faire évoluer le monde de l’ameublement, les 3 étudiants HEC ont emmené avec eux l’un de leur tuteur professionnel, Toni Racioppi qui amène son expertise des achats et de la négociation dans la chaîne de distribution du meuble. Il a progressivement abandonné ses autres activités pour travailler sur l’Usine à Design à temps complet.
L’équipe se complète avec Charles Digby-Smith et sa passion pour les meubles et le retail et Vincent Plazen qui s’est spécialisé dans la logistique qui lie les deux. Sans oublier Nicolas Thouzeau, un quasi-5ème fondateur qui est arrivé presque immédiatement et qui dirige tous les aspects techniques du site web.
Et pour ne pas dénoter de la légende de la start-up qui se lance dans un garage, l’aventure de l’Usine à Design a commencé dans un garage situé dans le 15ème.
Carte d’identité
Nom : l’Usine à Design
Date de lancement : 28Septembre 2009
Lieu des bureaux : Paris, 9ème
Nombre d’employés : 15 en France (+ une équipe internationale qui s’occupe des achats)
Modèle économique : la vente des produits proposés sur le site web.
L’Usine à Design reçoit des investissements et a levé 4 millions d’euros il y a quelques jours, et notamment du fonds d’investissement Crédit Agricole Private Equity, ainsi qu’à l’investisseur historique CM-CIC Capital Privé et de Olivier Mathiot, Co-fondateur et Directeur Marketing de PriceMinister)
Mais l’Usine à Design vend aussi ses meubles à des entreprises qui ont envie de transmettre l’identité de leur marque dans leur ameublement. On peut évidemment penser ici à des hôtels ou au monde de la restauration, mais il y a aussi des clients comme Adobe qui a acheté des meubles à ses couleurs pour les placer sur leur stand lors de salons. C’est aussi le cas des Champagnes MUM ou du siège social de Groupon à Paris qui a fait l’acquisition d’une cinquantaine de poufs à ses couleurs.
Anecdotes :
- L’Usine à Design a une stratégie intéressante puisqu’elle a très tôt décidé de s’entourer d’un écosystème de start-up, d’experts et d’entrepreneurs pour utiliser ce réseau afin de s’améliorer. Par exemple, l’Usine à Design aide une start-up dans la création de sa newsletter et celle-ci va en retour l’aider pour optimiser son SEO où elle n’est pas experte. Toujours dans cette idée, Olivier Mathiot (Co-fondateur et Directeur Marketing de PriceMinister ainsi que membre du conseil d’administration de l’Usine à Design) vient passer du temps avec chaque membre de l’équipe marketing de l’Usine à Design, du chef marketing jusqu’au stagiaire pour leur faire profiter de son expertise.
- Emilie Gobin met un point d’honneur à maintenir un esprit d’équipe au sein de l’Usine à Design. C’est pourquoi toute l’équipe est partie en week-end dans les Landes il y a quelques semaines pour leur présenter l’avenir de la société alors que la levée de fond venait d’être confirmée. C’est ainsi que du jeudi après-midi au dimanche soir, toute l’équipe a appris à mieux se connaître au travers d’ateliers. Par exemple, l’équipe d’un département devait présenter un autre département avec lequel il ne travaillait pas, ou ils participaient à des débats sur «que serait l’Usine à Design s’il n’avait pas eu de site internet», ou bien «comment voit-il évoluer leur concept dans 30 ans.»
Points forts :
- intéressant pour les designers qui souhaitent mettre leur création à l’épreuve et qui pourront gagner un peu d’argent s’ils arrivent à les amener jusqu’à la production
- intéressant pour les internautes qui souhaitent avoir des meubles véritablement personnalisés en fonction de leurs goûts
- l’Usine à Design veut aussi véhiculer l’image d’une start-up humaine, qui dévoile les coulisses de la création dans le monde du design. En résulte notamment un blog présentant régulièrement le travail de designer du monde entier
Points faibles :
- on voudrait avoir plus de choix. Les objets sont classés par «univers» et l’on ne trouve que 11 meubles dans la catégorie scandinave, seulement 21 dans la catégorie vintage ou 17 dans celle Cocoon.
- la section regroupant les créations de designers soumises au vote pourrait être plus attractive pour inviter davantage à la participation (on ne retrouve qu’une dizaine de votes sur de très nombreux objets)
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