Le parquet de Paris a annoncé mercredi avoir ouvert une enquête préliminaire sur les allégations de l'ex-ministre français de l'Éducation Luc Ferry. Lors d'une émission télévisée sur Canal +, ce dernier a accusé sans le nommer un ancien ministre de pédophilie, provoquant un tollé en France. La brigade de protection des mineurs devra entendre Luc Ferry et «lui faire préciser ses allégations», a précisé la porte-parole du parquet.
Luc Ferry «ravi» M. Ferry n'a pas paru ému par les critiques. «Je suis ravi d'avoir jeté ce pavé dans la mare», a-t-il déclaré mercredi sur I-Télé. Raffarin au courant? Alors qu'on lui demandait, mercredi sur LCI si le «Premier ministre de l'époque», c'est-à-dire Jean-Pierre Raffarin, lui avait relaté cette affaire, M. Ferry a répondu: «Vous lui demanderez». Selon lui, les faits concernaient «une époque bien antérieure aux années 2002». M. Raffarin a affirmé en l'occurrence sur son blog «ignorer totalement à quels événements» son ancien ministre «fai(sait) référence». Dans le même temps, deux ONG marocaines, les associations «Touche pas à mes enfants» et «Touche pas à mon enfant» ont décidé de porter plainte contre X. Toutes deux demandent des éclaircissements à la justice. Qui est le ministre impliqué? Selon France Soir, l'ex-ministre accusé d'avoir entretenu des relations pédophiles au Maroc, ne serait pas, comme annoncé précédemment, le socialiste Jack Lang, qui fait l'objet de rumeurs depuis les années 1970. Le principal intéressé a toutefois refusé de s'exprimer sur cette question. Il a en revanche clairement signifié au Figaro qu'il n'hésiterait pas à poursuivre ceux qui mettraient «son honneur en cause».Lundi soir à la télévision, il a affirmé: «Vous avez un épisode qui est raconté d'un ancien ministre qui s'est fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons. Probablement, nous savons tous ici de qui il s'agit», prétendant détenir ses informations «des plus hautes autorités de l'État».
Ces propos ont suscité une vive polémique au sein de la classe politique française, dont certains représentants ont sommé M. Ferry de s'expliquer et se sont indignés qu'il n'aie jamais saisi la justice.
«Dictature de la rumeur»
«Si M. Luc Ferry a la preuve qu'il y a eu un comportement délictueux ou criminel (...), que M. Ferry saisisse la justice», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. «Si on a la conviction qu'il y a eu un délit, voire un crime, on saisit la justice et on ne va pas simplement bavasser dans la presse», a ajouté le numéro deux du gouvernement sur France Culture. Une position partagée par le porte-parole du gouvernement français, François Baroin, qui a jugé «surprenants» les propos de l'ancien ministre de l'Education.
«Soit il est détenteur (...) d'informations qui s'appuient sur des faits et dans ce cas-là il a le devoir de saisir la justice», a expliqué le porte-parole lors du compte rendu du conseil des ministres. «Soit il rapporte des propos qu'il a entendus dans un fond de couloir et, dans ce cas-là, il n'est plus un philosophe de la rumeur mais il en devient un acteur essentiel.» François Baroin a aussi estimé que «procéder par amalgame et confusion» c'était «nourrir une forme de dictature de la rumeur (...) menaçante pour les libertés fondamentales».
«Il faut avoir le courage de dénoncer»
L'ancienne ministre française de la Justice Rachida Dati a pour sa part accusé Luc Ferry de «non-dénonciation d'un crime». «La pédophilie est un crime donc, s'il sait des choses, il doit dénoncer les faits et indiquer de qui il s'agit, de quels faits il s'agit», a- t-elle dit sur RMC et BFM-TV. «Je ne vois pas comment la justice peut ne pas s'emparer de ces propos.» Les moeurs de la classe politique sont un sujet particulièrement sensible après l'inculpation de tentative de viol de Dominique Strauss-Kahn aux Etats-Unis et la démission du gouvernement du secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Georges Tron, accusé par deux femmes d'abus sexuels.
Dans ce contexte, les propos de Luc Ferry ont choqué. «Je trouve déplorable ce genre de propos», a déclaré mercredi sur Canal Dominique Paillé, vice-président du Parti radical. «On ne peut pas laisser des mots comme cela lancés à la cantonade, des accusations aussi graves, même si elles sont sous couvert d'anonymat», a ajouté l'ancien porte-parole de l'UMP. «Quand on assène de telles affirmations, fondées ou non, on a le courage de les assumer».
(L'essentiel Online/AFP)
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