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Friday, 01 October 2010 17:44

[FLASHBACK] La France, le statut des juifs et la propagande

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Le 10 juillet 1940, l’Assemblée nationale se prononce sur une proposition de révision de la Constitution prévoyant d’attribuer les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.  Sur les 649 suffrages exprimés, seuls 57 députés et 23 sénateurs votent"non", 20

autres parlementaires s'abstiennent.
Très vite, le régime de Vichy met en place sa politique de discrimination raciale. Le 17 juillet, une loi stipule que "nul ne peut être employé dans les administrations de l'État s'il ne possède pas la nationalité française, à titre originaire, comme étant né de père français". Le 22 juillet, une loi prévoit de revenir sur les naturalisations obtenues depuis 1927 : 15.000 personnes se voient contraintes de reprendre leur nationalité d'origine, dont environ 6.000 Juifs. Le 16 août, un autre texte conditionne la profession de médecin aux personnes de nationalité française, nées d’un père français ou naturalisées avant 1927.
Au mois d’octobre, le gouvernement s’attaque au "problème juif". Le 3 octobre est adopté le premier texte sur le statut des juifs de nationalité française. Ce texte interdit aux juifs d’exercer un certain nombre de professions : fonctionnaire, enseignant, journaliste ou encore de diriger certaines entreprises. Ce texte est complété par la loi du 4 octobre 1940 sur "les ressortissants étrangers de race juives", qui prévoit d’enfermer "les juifs de nationalité étrangères dans des camps d’internement". Jusque 1943, de nombreux textes suivront, certains créant un "Commissariat aux questions juives", destituant les députés et sénateurs juifs, ordonnant l’internement des étrangers et apatrides juifs ou encore imposant aux juifs de préciser la mention "juif" sur leur carte d’identité.
Ce dispositif législatif a été accompagné d’une propagande anti-juive, antibolchevique et anti-franc-maçonne particulièrement zélée, le mot est faible. Chaque semaine entre août 1940 et août 1942, sont diffusées dans les cinémas français les "Actualités mondiales", un programme réalisé à partir d’images fournies par les autorités allemandes et d’images réalisées par le gouvernement français sous contrôle des Allemands. A partir de 1942, les "Actualités mondiales" sont remplacées par "France Actualités", programme réalisé, cette fois, entièrement par le régime de Vichy. Retour en images sur les heures les plus sombres du journalisme français.

- Dans un premier temps, les actualités se font particulièrement discrètes sur les premières mesures adoptées par le régime de Vichy. Durant le mois d’octobre, les "Actualités mondiales" n’évoquent à aucun moment les mesures adoptées à Vichy.

- Mais, rapidement, la propagande va se mettre en place. Au mois de mai 1941, est inauguré "l’Institut des questions juives".

- Parallèlement, la France commence à s’attaquer à l’autre "ennemi", le bolchévisme, et, au mois de juillet 1941, est créée la "Légion des volontaires français contre le bolchévisme".

- En septembre 1941, la France organise, au palais Berlitz, une exposition "Le Juif et la France"

- Au mois d’octobre 1941, l’Institut des questions juives rend hommage à Edouard Drumont, journaliste et écrivain, antisémite et nationaliste, décédé en 1917.

- Au mois de décembre 1943, alors que la propagande bat son plein, le régime de Vichy organise au Vel’ d’Hiv une "réunion antibolchevique".

- Le gouvernement français fera même réaliser de véritables petits reportages comme ce "Français, vous avez la mémoire courte", dénonçant les méfaits du bolchévisme.

- il faudra attendre 1995 pour que, pour la première fois, un président reconnaisse la responsabilité de la France dans la déportation des juifs.

Jérôme Hourdeaux


Authors: Nouvel Obs

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