Réaction de la France
«Ce serait irresponsable, je le répète, d'ouvrir la boîte de Pandore», a martelé la commissaire en rappelant «qu'il avait fallu dix ans pour arriver au traité» de Lisbonne. «Nous avons besoin de prendre des mesures pour pouvoir agir rapidement si un État membre se trouve en crise», a-t-elle dit, suggérant qu'un changement de traité prendrait trop de temps.
Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche a jugé «inacceptables» les propos de la Luxembourgeoise. Mme Reding «semble déterminée à poursuivre sa vindicte contre notre pays, en l'élargissant désormais à l'Allemagne», s'est indigné le responsable français.
La commissaire dit tout haut ce que la Commission pense tout bas
En août, la tension avait atteint son paroxysme entre Paris et Luxembourg sur la question des renvois de Roms roumains et bulgares. Outragée par le fait que deux ministres français, M. Lellouche et Eric Besson aient omis de lui signaler l'existence d'une circulaire du ministère français de l'Intérieur visant spécifiquement les Roms, Mme Reding, également commissaire à la Justice, n'avait pas hésité à dresser un parallèle avec la Seconde guerre mondiale. Indigné à son tour,
M. Sarkozy avait suggéré que le Luxembourg accueille les Roms expulsés de France tandis que M. Lellouche lançait à Mme Reding: «on ne parle pas ainsi à un grand pays comme la France». Le sommet des dirigeants européens du 16 septembre avait viré à l'aigre à ce sujet avec une violente dispute entre M. Sarkozy et le président de la Commission José Manuel Barroso. Et de nouvelles franches explications ne sont pas exclues jeudi lors du prochain sommet, après la dernière sortie de Mme Reding.
Dans la nouvelle querelle, la Commission a pris prudemment ses distances. «Mme Reding s'exprime à titre personnel», a souligné un de ses porte-parole. Cela ne veut pas dire que Mme Reding a agi en franc-tireur. «La commissaire dit tout haut et avec ses mots ce qu'une grande majorité de ses collègues de la Commission pensent tout bas», a assuré une source au sein de l'exécutif. «C'est le commissaire français qui était sur la sellette quand le sujet a été abordé mercredi lors de la réunion de la Commission», a ajouté cette source.
Mme Reding, une chrétienne-démocrate, a reçu sur le fond le soutien du Premier ministre, Jean-Claude Juncker, du ministre des Affaires étrangères du Grand Duché, le socialiste Jean Asselborn, et d'autres pays de l'UE, comme la République tchèque. La proposition controversée franco-allemande doit être discutée jeudi à Bruxelles à l'occasion du sommet des chefs d'État.
L’essentiel Online avec AFP
Authors: L'essentiel