Ce scrutin à un tour vise à renouveler les mandats des 230 députés du parlement, dissous fin mars après la démission de M. Socrates qui dirige le gouvernement portugais depuis 2005. Selon tous les sondages publiés cette semaine, le Parti social-démocrate (PSD, centre-droit) devrait l'emporter sur les socialistes, rendus responsables par l'opposition de la dérive des finances publiques qui a obligé le Portugal à négocier début mai un plan de sauvetage financier international, après la Grèce et l'Irlande l'an dernier.
Derniers mots de campagne Vendredi soir, devant quelque 5 000 sympathisants réunis au Pavillon du Portugal, chef d'œuvre d'architecture et symbole de la modernisation du pays, M. Socrates a appelé au vote de «tous ceux qui partagent les valeurs de gauche» du PS afin de «défendre la justice sociale et l'égalité des chances» contre ceux qui «veulent une société du chacun pour soi». «Le problème n'est pas d'être de gauche ou de droite, le problème c'est d'avoir un État que nous sommes en mesure de payer», avait déclaré quelques instants plus tôt M. Passos Coelho, qui clôturait sa campagne par une «fête» sur le Largo do Carmo, place emblématique de la Révolution des Oeillets «où, a-t-il rappelé, le Portugal s'est libéré d'une vieille dictature».Crédité en moyenne de 36% d'intentions de vote, le PSD de Pedro Passos Coelho devrait toutefois rester loin de la majorité absolue, le contraignant à négocier une coalition avec le CDS-PP, parti de droite avec lequel il a déjà gouverné à plusieurs reprises dans le passé. Contrairement à l'Irlande ou la Grèce, au Portugal, les principaux partis se sont engagés à respecter strictement les conditions du prêt de 78 milliards d'euros accordé par l'Union européenne et le Fonds monétaire international en échange d'un exigeant programme de rigueur et de réformes.
Dette équivalente à 93% du PIB
M. Passos Coelho, qui en cas de victoire succédera à José Socrates, a même promis d'aller "au delà" des exigences de l'UE et du FMI, notamment en matière de privatisations mais aussi de réformes du marché du travail, des services publics ou encore de politiques sociales. "Nous savons que les prochaines années seront d'une difficulté extrême. Nous devrons travailler beaucoup pour rembourser nos dettes", a-t-il dit vendredi au dernier jour de la campagne.
«Mais les gens savent que le Portugal doit respecter ce qui a été négocié et nous allons le faire!», a assuré cet homme de 46 ans, qui n'a jamais exercé de responsabilité politique. Plombé par une dette de 160 milliards d'euros (93% du PIB), le Portugal a fini l'année 2010 en récession avec un déficit public à 9,1% du PIB et un chômage à plus de 11%. Accusé par ses adversaires d'avoir mené le pays à la «banqueroute», M. Socrates, 53 ans, souvent décrié pour son arrogance, a reconnu vendredi soir livrer une «bataille très difficile» tout en disant «n'avoir qu'une idée en tête: la victoire».
Pendant toute la campagne, il n'a cessé de rappeler qu'il avait «lutté de toutes ses forces» contre le recours à une aide extérieure qui, selon lui, aurait été pu être évitée si l'opposition, et en particulier le PSD, n'avait pas rejeté fin mars son nouveau plan d'austérité, provoquant sa démission. «Ils ont déclenché cette crise politique pour faire venir le FMI et appliquer plus facilement un programme ultralibéral», a-t-il répété à longueur de discours et d'interviews, accusant son rival de vouloir «privatiser» la santé et l'éducation et «détruire l'État social« au nom d'un «radicalisme idéologique».
(L'essentiel Online/AFP)
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