Au terme de huit heures et demie de réunion à Bruxelles, aux allures de sommet de crise, les ministres des Finances de la zone euro ont publié une déclaration censée rassurer les marchés sur leur riposte, après des semaines d'atermoiements et de divisions.
Ils ont d'abord «réaffirmé leur volonté absolue de préserver la stabilité financière dans la zone euro» et assuré vouloir «améliorer la capacité» de l'Union monétaire «à résister à un risque de contagion».
L'Italie pèse économiquement à elle seule plus de deux fois plus que les trois pays réunis qui ont été sauvés à ce jour de la banqueroute: Grèce, Irlande et Portugal. Si elle cédait, c'est toute la zone euro qui serait menacée.
La chancelière allemande Angela Merkel n'a pas hésité à prier Silvio Berlusconi de bien mettre en place le plan de rigueur promis par son gouvernement.
Dans le même temps, les taux espagnols et italiens sur le marché de la dette ont atteint leurs plus hauts niveaux historiques depuis la création de la zone euro. Cela signifie que le coût d'emprunt de Rome et de Madrid pour financer leurs déficits s'alourdit. Et l'écart des taux français avec l'Allemagne, référence absolue, s'est élargi à un niveau jamais vu dans l'Union monétaire.
Les tensions sur les marchés trouvent en partie leur source dans les hésitations des Européens sur le deuxième plan d'aide promis à la Grèce. Alors qu'une décision était à l'origine escomptée début juillet sur ce point, elle semble repoussée à plus tard.
Concrètement, ils envisagent d'augmenter la capacité de prêts de leur Fonds de secours, mis sur pied l'an dernier après la crise grecque. Appelé "Facilité européenne de stabilité financière", il est aujourd'hui doté d'un capacité effective de prêts de 440 milliards d'euros. Mais de nombreux économistes estiment que ce filet de sécurité, tel quel, ne pourrait permettre à la zone euro de faire face à des crises de la dette dans des pays aussi importants que l'Italie et l'Espagne.
Les ministres envisagent aussi à l'avenir un «allongement des maturités des prêts» consentis par l'Europe aux pays en difficulté, autrement dit leur donner plus de temps pour rembourser, ainsi qu'une baisse des taux d'intérêt pratiqués. Cela vaudra en particulier pour le deuxième plan d'aide promis à la Grèce, en plus du premier de 110 milliards d'euros de prêts décidé l'an dernier et qui ne suffit déjà plus pour éviter la banqueroute au pays. De quoi soulager Athènes toujours au bord de l'asphyxie.
Faire contribuer les créanciers privés
Des mesures sont aussi à l'étude pour «améliorer la soutenabilité de la dette publique grecque», indique le communiqué, ce qui pourrait renvoyer à un soutien à la Grèce pour lui permettre de racheter une partie de sa propre dette, afin d'en réduire le poids total. La décision a été prise alors qu'à Athènes, le Premier ministre Georges Papandréou commence à perdre patience. «Il n'y a pas de place pour l'indécision et les erreurs», a averti M. Papandréou dans un courrier à Jean-Claude Juncker, où il déplore que les dirigeants européens se laissent aller à la «cacophonie».
Juncker a réaffirmé la volonté des pays de la zone euro de faire contribuer les créanciers privés du pays (banques, compagnies d'assurance et fonds de pension) au plan d'aide à la Grèce en dépit des conflits que cela suscite entre Européens. Certains pays l'exigent, comme condition à tous nouveaux prêts pour la Grèce, d'autres redoutent que cela ne renforce l'inquiétude des marchés financiers et n'aggrave la crise.
Autre mesure significative envisagée par la zone euro lundi soir: de nouveaux outils pour le Fonds de secours, comme l'éventualité qu'il puisse acquérir des titres obligataires d'un pays en difficulté sur le marché dit "secondaire", celui où les investisseurs s'échangent les titres de dette souveraine une fois qu'ils ont été acquis lors de leur émission.
Les mesures restent toutefois encore floues à ce stade et il n'est pas certain qu'elles suffisent à rassurer des marchés survoltés.
(L'essentiel Online/AFP)
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