Lors du rachat de Palm en 2010, HP avait donc pris la décision d’entrer dans l’univers impitoyable des systèmes d’exploitation mobiles ou Android et iOS règnent désormais en maître. D’abord conçu pour les téléphones mobiles, de type smartphone, le système webOS devait s’étendre aux tablettes et futures imprimantes du géant américain Hewlett-Packard. Un an plus tard, le résultat n’est pas des plus positifs pour HP.
Une tablette prometteuse…
Un chiffre d’affaires de 125.7 milliards de dollars, un résultat net de 8.8 milliards, HP est ce que l’on appelle un « géant de l’informatique ». Connu pour être le premier constructeur d’ordinateurs au monde, HP fait aujourd’hui parler de lui avec sa tablette : la Touchpad. Jamais une marque, hormis Apple avec l’iPhone et l’iPad, ayant une activité liée à l’informatique, n’avait suscité un tel engouement pour un de ses produits. Lors de sa sortie, la tablette reçoit un accueil plutôt positif, webOS, si il n’a pas la maturité d’iOS ou Android est jugé prometteur et la tablette à des arguments à faire valoir face à la concurrence, son principal défaut ? Peut-être son prix, 479€ pour le modèle 16Go, 579€ pour le modèle 32Go, en comparaison, l’iPad, leader sur le marché et bénéficiant d’un App Store très riche, est sorti à un prix allant de 489€ dans sa version 16Go à 693€ pour le modèle 64Go (pour une meilleure comparaison, le modèle Wi-Fi + 3G n’est pas pris en compte, la Touchpad n’étant disponible qu’en Wi-Fi).
… à un prix jamais vu !
Ce qui va définitivement créer le buzz autour de cette tablette, c’est l’annonce le 18 août, 7 semaines seulement après son lancement aux Etats-Unis (5 semaines en France), indiquant que HP décide d’abandonner tous les produits fonctionnant sous webOS, acheté 1an plus tôt pour la somme de 1.2 milliard de dollars. L’arrêt brutal des produits sous webOS entraîne une baisse record du prix de la tablette, passant de 479€ à 99€ pour le modèle 16Go et de 579€ à 129€ en 32Go ; la Touchpad devient alors le produit à avoir, les stocks des différents sites sont pillés en un rien de temps. Au-delà des soucis pour les sites à répondre à cette demande soudaine, on s’aperçoit que la tablette coûte cher à HP. En effet, selon iSuppli, le coût de fabrication de la Touchpad a été chiffré à 306 dollars et contrairement à Sony par exemple, qui vendait sa PlayStation 3 à perte et ne réalisait des profits que sur les ventes de jeux, HP ne peut espérer se rattraper avec la vente de contenu. On peut donc se demander ce qui est passé par la tête de Léo Apotheker, le désormais ex-PDG de la société.
Une direction décriée
Cette décision est donc celle de Léo Apotheker, qui est d’ailleurs le troisième patron d’affilée à être contraint de prendre la porte chez HP ! En seulement 11 mois à la tête de Hewlett-Packard, le successeur de Mark Hurd a réussi à se mettre à dos les actionnaires. Outre sa décision d’abandonner les tablettes et smartphones, on lui reproche des prévisions de croissance abaissées trois fois en moins d’un an et d’avoir racheté l’éditeur de logiciels Autonomy pour plus de 10 milliards de dollars, une acquisition jugée trop onéreuse. Margaret Whitman, ancienne PDG d’eBay, qui lui succède, aura la lourde tâche de relancer une société dont le cours de l’action vient de connaître son plus bas niveau en six ans, clôturant à 22.32$. Sur un an, le titre HP a perdu 47% de sa valeur en bourse !
Evolution du cours de l’action HP sur 1 an (boursier.com)
Quel avenir pour webOS ?
Si HP a annoncé qu’il mettait fin à la production des produits sous webOS, HP n’a pas indiqué qu’il mettrait fin au développement de webOS, il faut dire que suite à la baisse de prix, la Touchpad possède désormais, selon le cabinet d’études IDC table 4.7% du marché mondiale des tablettes. Néanmoins, HP risque de devoir faire face à… Android, et plus particulièrement aux développeurs de la distribution alternative d’Android, Cyanogen. Ces derniers qui avaient en effet annoncé un portage de Cyanogen Mod 7 sur la tablette d’HP, devraient, si l’on en croit leur dernière vidéo, rendre très prochainement disponible leur solution. Si le résultat est à la hauteur des attentes, nul doute que webOS aura du mal à exister, même si le système a su séduire, son catalogue d’applications et bien loin de celui proposé par l’Android Market.
Atteindre les 10%, l’objectif d’HP ?
En effet, d’après Canalyst, une part de marché de plus de 10% pourrait permettre à HP de « doubler ou tripler » la valeur de sa division PC, actuellement annoncé autour de 8 ou 10 milliards de dollars et que la société chercherait à vendre.
Quoi qu’il en soit, Margareth Whitman prend les rênes d’une société qui semble arriver à un tournant de son histoire. L’abandon des produits sous webOS et l’avenir de la branche PC qui sera décidé « avant la fin de l’année » pourrait signer la fin de HP dans le secteur grand public, pour se consacrer à celui des professionnels comme le suggère le rachat d’Autonomy.
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