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Lundi, 23 Mai 2011 20:29

Pour les Guinéens de New York La victime présumée de DSK a été «souillée»

Pour les Guinéens de New York La victime présumée de DSK a été «souillée»

Sur le tapis d'une mosquée briques rouges, sans minaret, perdue dans la grisaille du Bronx, un vieil homme récite des versets du Coran devant des fidèles en boubou. Une centaine d'hommes coiffés de chapeaux circulaires, immaculés ou colorés, célèbrent au premier étage du centre islamique Fouta, un entrepôt reconverti en mosquée, le mariage d'un certain Amadou. Les femmes sont au rez-de-chaussée, avec une ribambelle d'enfants.

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Les croyants sortent des billets. Chacun donne pour aider le jeune homme à payer la dot, mais tous, ou presque, restent avares de détails sur le quotidien de la femme de chambre qui accuse l'ancien patron du FMI de crimes sexuels. "C'est une personne humble, travailleuse", résume un jeune homme, concentré sur son plat de purée de maïs servi après la cérémonie sur une bâche en plastique qui protège le tapis de la mosquée. "On ne sait pas grand chose d'elle, elle est plutôt discrète", ajoute-t-il.

Pourtant, la victime présumée fait partie de la petite communauté guinéenne, principalement de l'ethnie peule, dont le quartier général est un pâté de maisons autour de cette mosquée de la Troisième avenue, près de la 166e rue, dans le Bronx. Une enclave afro-musulmane dans un quartier noir et latino.

Un frère dans le Midwest

Nafissatou Diallo, la femme de chambre de 32 ans, dont les médias américains se refusent à révéler le nom, s'est mariée en Guinée à l'âge de 17 ans. Une fillette est née, puis le mari est mort. Elle a alors immigré aux Etats-Unis, aidée par une soeur qui y résidait.

Un frère, l'aîné, vit dans le Midwest. Il est arrivé à New York ces derniers jours afin d'aider sa soeur, femme de ménage au Sofitel de Manhattan dont les accusations ont forcé Dominique Strauss-Kahn à quitter la tête du FMI.
Le frère arrivé à New York, les représentants locaux disent avoir maintenant un interlocuteur pour faciliter le dialogue avec la victime présumée de cette affaire.

"Dans notre culture, les hommes travaillent avec les hommes, les femmes avec les femmes. Si nous devons nous adresser à quelqu'un, nous nous adressons directement aux hommes", dit Souleymane Diallo, président de l'association Pottal Fii Banthal, centre nerveux de la communauté peule de New York.

«Si elle avait eu le choix...»

"Je suis certain que si la dame avait eu le choix, l'affaire n'aurait pas été rendue publique. Dans notre communauté, c'est comme si elle est souillée. Si elle n'a pas de mari, ce sera difficile, voire impossible d'en trouver un".

"Les gens savent déjà qu'elle ne l'a pas cherché, mais les hommes ne veulent pas d'une femme montrée du doigt", dit-il, dans son bureau derrière le restaurant africain "Jalloh Family" voisin de la mosquée.
"Lorsque la nouvelle est tombée et que la dame s'est révélée membre de notre communauté, ça a été un grand choc, les gens se disaient: +qu'est-ce qui se passe? Est-ce que c'est une malédiction? En Guinée on peut comprendre mais pas aux Etats-Unis", dit-il, en référence à des viols commis par les militaires lors des violences de septembre 2009 dans le stade de Conakry.

Si le sort de la jeune Guinéenne révèle un malaise chez ses compatriotes de New York, il confirme toutefois le rêve américain de l'égalité pour tous.
"La différence entre ce qui s'est passé depuis 2009 en Guinée et ici, c'est qu'ici c'est un pays de droit. Qui que tu sois, et on a vu le statut le DSK, quel qu'il soit, on le place devant la loi comme n'importe qui", souffle Boubacar. "C'est ce qui fait la grandeur de ce pays, c'est vraiment le rêve américain", renchérit son ami Algassimou Balde.

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Last modified on Mardi, 30 Novembre 1999 01:00
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