Mardi soir, plusieurs générations se prélassaient sur le parvis de l'Abbaye de Neumunster. Organisé dans le cadre du Festival OMNI, le concert affichait complet.
Sur le coup de 21 h, Manu Chao débarque avec sa guitare et son groupe La Ventura, arborant un grand sourire qui se révèlera rapidement communicatif. On peut ne pas aimer le côté très typé world music de l'ancien meneur de la Mano Negra mais, au vu de ce qui va suivre, on ne peut pas le lui retirer: en concert, il envoie. La recette est simple, le morceau s'étire tout doux et chaloupé. Et décolle brusquement dans un mitraillement de batterie entraînant avec lui une marée humaine dans un pogo débridé. Le quinquagénaire scande le rythme en frappant son micro sur le cœur pour maintenir la pression. Quelques gadins plus tard, on arrête. Puis on reprend tout depuis le début.
Cela va durer 2 h 15. Pendant lesquelles des litres de bière vont être renversés et de sueur couler. Il y a aura du «Je ne t'aime plus mon amour», du «Me gustas tu mi corazon», la chanson pour Diego Maradona, une reprise sous speed de Bob Marley... un millier de fausses sorties de scène. Pendant ce temps, le monumental bassiste chauffait un public qui n'en avait vraiment pas besoin. À un moment, les spectateurs s'agenouilleront comme un seul homme. Provoquant un «qu'est-ce que c'est que ça Luxembourg?» de la part du chanteur. Ils se relèveront sur les premiers accords de guitares. On en a même vu faire la chenille.
Les Woyo-yo-yo-yo repris en chœur par le public résonneront encore longtemps au pied de la falaise. Et pourtant on soupçonne Manu Chao de ne pas avoir tout donné.
Séverine Goffin
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