«La décision, il faut la prendre très vite : soit on y va, soit on laisse passer. Et ça devenait très dangereux pour les otages si on laissait passer», souligne-t-on à l'état-major. Un avion de surveillance français Atlantique-2 (ATL-2), basé habituellement à N'Djamena (Tchad) et doté de moyens d'écoute et de vision de nuit, est mobilisé pour appuyer l'opération au sol. «À partir de là, on ne les lâche plus», souligne le porte-parole de l'état-major, le colonel Thierry Burkhard. «Les ravisseurs tentaient de gagner une zone refuge au peu plus au nord», au Mali, où la situation serait devenue «extrêmement sensible» pour les otages.
Al-Qaïda au Maghreb islamique pointé du doigt
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) n'a pas formellement été désignée par les autorités françaises comme responsable du double rapt mais les soupçons convergent vers cette mouvance très active dans le désert sahélien. Un premier accrochage a lieu sur une route, à une centaine de km de Niamey, et le chef du détachement de la garde nationale nigérienne est blessé. Les ravisseurs parviennent à s'échapper et poursuivent leur progression vers le Mali.
Plus tard, un nouvel accrochage s'est produit entre les ravisseurs et l'armée nigérienne et des éléments des forces spéciales françaises, entraînées et équipées pour ce genre d'actions en territoire difficile. Selon l'état-major, cet accrochage a lieu «en zone frontalière». Deux soldats français sont légèrement blessés au cours de l'opération et «plusieurs» ravisseurs «neutralisés» - des tués et des blessés -, précise l'état-major, sans plus de détails sur le bilan de l'opération, notamment si certains des ravisseurs ont pu s'enfuir.
«La crainte c'était que les otages soient séparés»
«On retrouve les corps sans vie des deux otages. Au vue des premières constatations, il est très probable qu'ils ont été exécutés par les terroristes», a ajouté le colonel Burkhard. «On est sûr que les otages n'ont pas été tués par un tir fratricide» des soldats français ou de l'armée nigérienne, renchérit une autre source militaire. Selon une source au ministère de la Défense, il fallait empêcher les ravisseurs d'emmener leurs otages au Mali, où il aurait ensuite été beaucoup plus difficile de retrouver leur trace. «La crainte c'était que les otages soient séparés», souligne cette source, comme l'ont probablement été cinq Français enlevés en septembre dans le nord du Niger et transférés au Mali.
Depuis les forces françaises ont mis en place un dispositif d'interception dans la région. En juillet 2010, un raid franco-mauritanien en territoire malien s'était soldé par la mort d'un otage français, Michel Germaneau, militant humanitaire de 78 ans enlevé le 19 avril dans le nord du Niger. Selon l'état-major, Michel Germaneau avait peut-être été tué par ses ravisseurs avant même cette opération, dans laquelle le service action de la DGSE (contre-espionnage) était intervenu.
(L'essentiel Online/AFP)
Authors: L'essentiel