Deux reporters du journal allemand Bild ont rendu visite au détenu de 75 ans. Ils ont dû franchir sept portes blindées. Josef Fritzl a accueilli amicalement les deux journalistes: «Bonjour, je suis Josef Fritzl. Mais je n’ai pas besoin de me présenter: je suis mondialement célèbre», affirme-t-il en riant. Il décrit à ses visiteurs son nouvel environnement: 11,5 mètres carrés, un lit, une table et un bidet. Le prisonnier est en jeans et cheveux jusque sur la nuque: «Je hais les coiffeurs plus encore que les dentistes.»
«Mon rêve: sortir d'ici encore vivant»
Mais le détenu préfère éluder les questions sur ses abus sexuels. Il semble vivre dans une bulle imaginaire. Il parle d’amour et change de sujet comme de chemise. Il a écrit huit lettres, restées sans réponse, à sa femme Rosemarie. Malgré le silence de son épouse, il ne doute pas de son amour. Il a remis son alliance: «J’ai peur qu’ici quelqu’un me la vole».
La nuit, il pense à son épouse avec qui il s’est marié il y a 55 ans. «Mon rêve: sortir d'ici encore vivant. Je prendrai soin de ma femme, car elle m’a toujours été fidèle.» Pourtant, ni Rosemarie, ni l'un de ses 13 enfants ne lui ont rendu visite en prison. Le père incestueux a sa propre explication: «Mes enfants sont certainement retenus par les autorités, avant qu'ils ne puissent venir me voir.»
Il récure le sol comme «un domestique»
Cette réponse surréaliste clôt la partie intime de l’entretien. Fritzl s’égare de nouveau. Il dit cultiver du paprika, des poivrons et des tomates. Il regarde aussi volontiers la télévision. «Ma série préférée est «Mon Oncle Charlie», avec Charlie Sheen. Le petit garçon qui y joue me rappelle mon fils. Cela détend, j'ai besoin de cela pour le rire. Car être toujours triste à mort ronge l’âme.»
Ensuite, il explique son quotidien aux reporters de Bild. Il se lève à 5h30 et, après son hygiène corporelle, il peut faire une demi-heure d’exercice. A 7h, il doit récurer les sols comme un «domestique». À 9h, il passe une heure au fitness avant de donner un coup de main en cuisine. L’après-midi seulement, il a droit à une promenade dans la cour, à l’air libre. «Deux agents sont toujours à mes côtés, pour ma protection». Parce que les délinquants sexuels sont la lie des détenus et la direction de la prison craint pour sa vie.
L'essentiel Online avec Philippe Favre
Authors: L'essentiel