Eva John: Un peu les deux. Dans les rues il ne se passe rien de particulier, aucune mesure de sécurité renforcée n’a été prise, la vie quotidienne continue normalement, les métros circulent et les gens se rendent à leur travail comme d’habitude. Mais lorsqu’on les écoute et qu’on leur parle on se rend bien compte que le sujet inquiète: c’est la première fois que des civils sont pris pour cible, la plupart des gens sont indignés.
L’émotion touche toutes les générations?
Les plus jeunes se sentent moins concernés. Les 15-25 ans et les jeunes couples de Corée du Sud n’ont pas de famille directe en Corée du Nord et ils n’ont pas vécu la guerre de Corée. Ils vivent trois fois par an une crise avec le voisin ennemi, mais cela ne dégénère jamais en guerre ouverte, alors on finit par s’habituer. Les générations plus anciennes se sentent plus beaucoup plus concernées, les images qui sont présentées dans les médias coréens montrent des colonnes de fumée et des maisons en feu qui leurs rappellent des souvenirs tragiques. Ils ont déjà vécu la guerre et la mort de proches, ils sont vraiment inquiets.
Les médias de Corée du Sud sonnent-ils l’heure de la propagande nationale, ou peut-on assister à des débats nuancés et obtenir des informations objectives ?
Les images du bombardement de Yeonpyeong et de la riposte tournent bien sûr en boucle sur les chaînes de télévision. Mais les avis sont différents et nuancés, au centre de beaucoup de débats on retrouve la question : fallait-il riposter?
L’humeur de la population est-elle belliqueuse ? Est-ce qu’on veut en découdre avec le frère ennemi?
Lee Myung-bak (le président actuel de Corée du Sud, note de la rédaction) présente à la population une attitude très dure, son discours est beaucoup plus prononcé que celui de son prédécesseur. Ce jeudi, il a déclaré avoir décidé de renforcer la présence militaire à la frontière et sur l’île de Yeonpyeong. Il demande aux troupes de riposter à toutes provocations ennemies. L’opposition le critique vivement pour cela et lui reproche d’aviver les tensions.
Vous-même: êtes-vous inquiète pour votre famille?
Non. Sur place nous n’avons pas d’inquiétude particulière. Une des étudiantes de mon mari n’est pas venue en cours mercredi, elle s’est excusée parce qu’elle avait peur de traverser la ville. Mais c’est la seule du cours à avoir réagi de la sorte. Pour nous, les expatriés, c’est plutôt nos familles qui s’inquiètent et qui appellent un peu paniquées, on les rassure comme on peut.
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Authors: L'essentiel