À 103 ans, Oscar Niemeyer a inauguré fin mars un centre culturel à Aviles, en Espagne, censé rivaliser avec le Musée Guggenheim de Bilbao. Malgré son âge canonique, l’architecte brésilien a choisi de ne pas interrompre son activité professionnelle. Sa tête fourmille de nouveaux projets. Quelques grandes figures des arts et des lettres suivent des parcours similaires (lire encadrés).
Toujours plus nombreux à passer le cap •Il y a 20 fois plus de femmes centenaires que d'hommes.•Des études affirment que l'espérance de vie, dans les pays riches, atteindra les 100 ans d'ici à 2060.
•Une étude a révélé que 73% des retraités aux USA ne veulent pas vivre jusqu'à 100 ans.
•Les scientifiques n'ont pas établi l'existence d'une limite physiologique à la vie des êtres humains.
•La Suisse a le plus fort taux de centenaires d'Europe. Elle figure au 2e rang mondial après le Japon. Principal facteur: la qualité de vie et des soins.
Que révèlent ces phénomènes? «Que l’allongement de l’espérance de vie est une réalité, mais aussi que ces parcours sont exceptionnels et vont le rester, assure Cornelia Hummel, sociologue spécialiste de la vieillesse. Ces hommes ont des métiers particuliers, et tout le monde n’a pas envie de travailler toute sa vie.»
Souci de nantis
Les gérontologues certifient que l’activité influe positivement sur la longévité. Les centenaires actifs sont-ils appelés à se multiplier? «Les seniors d’aujourd’hui sont un cas unique dans l’histoire. Par ailleurs, il n’est pas sûr que la société du bien-être perdure: les crises économiques et politiques menacent les futures personnes âgées.» Un point de vue à contre-courant des débats actuels, qui visent à repousser l’âge de la retraite en s’appuyant sur la progression de l’espérance de vie.
L’essentiel des sociétés sur notre planète ne connaît pas la retraite, rappelle le Bureau international du travail, à Genève. «On meurt au travail ou on est pris en charge par la famille, explique l’ethnologue Jacques Hainard. La notion de retraite est très occidentale. Paradoxalement, c’est un privilège propre aux intellectuels et aux artistes que de pouvoir poursuivre leur œuvre parce qu’elle est indissociable de leurs loisirs.»
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