La femme de chambre qui accuse Dominique Strauss-Kahn de crimes sexuels, a été entendue mercredi, pendant huit heures, par le procureur de Manhattan, notamment sur une conversation téléphonique compromettante qu'elle a eue avec un détenu au lendemain des faits présumés.
«Il s'est jeté sur moi» Dans un entretien intégralement diffusé mardi sur la chaîne de télévision ABC, elle a raconté avec force détails les agressions dont elle assure avoir été victime. «Je suis entrée dans la suite en disant trois fois Hello, femme de ménage , et tout à coup j'ai vu un homme nu, j'ai dit Oh mon Dieu je suis si désolée , mais il s'est jeté sur moi, a fermé la porte et m'a poussée», raconte-t-elle dans un anglais très correct à la journaliste d'ABC. Dans l'interview, Nafissatou Diallo entre ensuite dans des détails très crus, racontant comment elle a été forcée à pratiquer une fellation à l'ancien ministre français. »Il tenait ma tête, j'étais par terre je n'arrivais pas à me relever", dit-elle. Elle dit avoir ensuite craché sur la moquette. À la suite de ce témoignage choc, le procureur a demandé un nouveau report de l'audience qui était prévue le 1er août prochain -après avoir été repoussée du 18 juillet au 1er août- pour poursuivre l'enquête.Début juillet, le New York Times avait révélé que Nafissatou Diallo avait téléphoné, le lendemain de l'agression présumée, à un ami emprisonné en Arizona pour une affaire de drogue. Elle aurait affirmé en parlant de DSK: «Ce type a beaucoup d'argent, je sais ce que je fais», selon le New York Times.
Une conversation difficile à traduire
Cette conversation est l'un des éléments-clés qui a fait vaciller l'accusation, entraîné la libération sur parole de DSK, et jeté une ombre sur les motivations réelles de la femme de chambre guinéenne qui affirme avoir été violée le 14 mai, dans une suite de l'hôtel Sofitel de New York.
D'après le journal, les enquêteurs ont mis plusieurs semaines avant de réussir à traduire cet échange téléphonique en peule, l'ethnie d'origine de Mme Diallo. D'autres médias avaient d'ailleurs indiqué que la traduction de ces propos, difficile, n'était pas limpide et soulevait des questions.
«Je sais ce que je fais»
À la sortie, mercredi, du tribunal de Manhattan, l'avocat, Me Kenneth Thompson, a établi sa version des faits. «Certaines choses ont été mélangées dans cette citation qui a été donnée au New York Times», a-t-il déclaré. «Nous avons écouté cet enregistrement et il montre que la victime n'a jamais prononcé ces mots». «Elle a dit à cette personne que quelqu'un a essayé de me violer et c'est quelqu'un qui a du pouvoir, un homme important», a assuré l'avocat.
Dans une interview donnée à la télévision américaine ABC et diffusée lundi et mardi, Mme Diallo a affirmé n'avoir jamais prononcé les mots qui lui sont prêtés par le quotidien. La femme de chambre dit qu'elle a déclaré «je sais ce que je fais» au moment où elle évoquait, au téléphone, le fait de recourir à un avocat. Me Thompson a par ailleurs indiqué, mercredi, que sa cliente avait «le droit d'engager sa propre action en justice au civil pour demander à l'ancien chef du FMI des dommages et intérêts».
(L'essentiel Online/AFP)
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