La présence de ce gaz toxique issu de la putréfaction des algues vertes «est avérée» chez 5 des animaux découverts morts le 24 juillet, selon la préfecture des Côtes d'Armor, qui se refuse à avancer des conclusions définitives. Sur les 6 animaux analysés par un laboratoire à Strasbourg, 2 présentaient une concentration très élevée de H2S: 1,47 mmg/kg et 1,72 mmg/kg, soit des doses supérieures à celle retrouvée chez un cheval mort en 2009 (1,18 mmg/kg) sur la plage de Saint-Michel en Grève (Côtes d'Armor) suite à un oedème pulmonaire dû au H2S. Les trois autres présentaient des taux de 0,14 mmg/kg, 0,36 mmg/kg et 0,93 mmg/kg.
Depuis le 7 juillet, 36 animaux morts ont été découverts au fil des jours dans l'estuaire du Gouessant, dans la baie de Saint-Brieuc, qui débouche sur une plage de la commune de Morieux interdite pour cause d'algues vertes. Près de 32.000 m3 d'algues vertes avaient été ramassés sur les plages bretonnes à la mi-juillet, un peu plus qu'à la même période l'an dernier (28.271 m3), selon les chiffres officiels. Les algues vertes existent en mer à l'état naturel et prolifèrent avec l'afflux des nitrates agricoles dans certaines conditions: faibles fonds marins, eaux peu remuantes, chaleur et luminosité. Inoffensives quand elles sont fraîches, elles dégagent en se putréfiant un gaz toxique qui peut être mortel. Huit baies touchées par le phénomène ont été identifiées en Bretagne. Des programmes pilote de lutte ont déjà été négociés pour deux de ces baies -celles de Lannion et de Saint-Brieuc-, les autres sont en discussion. Un plan anti-algues vertes a été adopté par les pouvoirs publics sur la période 2010-2014 pour un coût estimé à 134 millions d'euros.«Il serait excessif de conclure de manière radicale que c'est l'hydrogène (H2S) qui a provoqué leur mort puisque l'un de ces animaux n'en présentait pas. Le H2S a pu contribuer à leur mort dans des proportions que je ne suis pas en mesure de vous dire aujourd'hui», a indiqué Philippe de Gestas, secrétaire général de la préfecture lors d'une conférence de presse. Sur un animal, ont été retrouvées des traces de chloralose, un produit employé pour empoisonner des rongeurs mais en quantité insuffisante pour provoquer la mort.
Des mesures d'H2S seront également pratiquées sur un ragondin retrouvé dimanche soir, dans le même secteur, présentant «un important œdème pulmonaire» selon la préfecture. «Le faisceau de présomptions sur le H2S se renforce de façon assez claire», a estimé pour sa part Gilles Huet délégué général de l'association écologiste Eau et rivières de Bretagne, qui réclame la fermeture immédiate des plages où les algues vertes ne sont pas ramassées chaque jour.
M. Huet réclame également l'accélération de la mise en œuvre du plan d'action «pour tarir le robinet des nitrates», annoncé en février 2010, et qui «n'a pas encore trouvé de traduction concrète en baie de Saint-Brieuc» où se jette le Gouessant. «Le gouvernement doit revenir sur ses projets de décrets assouplissant les modalités d'épandage», a également insisté l'écologiste.
(L'essentiel Online/AFP)
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