La Bretagne sud c’est 1/3 de la production ostréicole française et le plus grand parc d’exploitation en eau profonde du pays (2 500 ha). Hervé Jenot représente 430 producteurs. «Les huitres qui sont actuellement sur le marché ont été produites à partir de 2008. La surmortalité que nous avons constatée sur cette production oscille de 30 % à 90 % selon les parcs. Pour les fêtes de fin d’année cela signifie que nous avons 30 % à 50 % d’huitres en moins que l’année précédente.»
Le début du tunnel
Loin d’être sortis de l’impasse les producteurs enregistrent les mêmes surmortalités pour leurs productions de 2009 et 2010. L’huitre se fera donc de plus en plus rare au moins encore jusqu’en 2013. «Nous avons déjà connu une crise comparable pendant les années 70» rappelle Hervé Jenot, «À l’époque la France produisait 24 000 tonnes d’huitres plates – l’huitre indigène des côtes françaises et portugaises – mais deux parasites ont ravagé les parcs ostréicoles de l’époque et début des années 80 on ne sortait plus que 500 tonnes», l’huitre avait alors quasiment disparu des menus.
«Nous avons laissé la nature faire son travail, mais 30 ans après nous somme en 2010 tout juste capable de remonter à 1 200 tonnes. Alors que dans les années 70 on comptait 4 à 5 000 producteurs d’huitres plates, il en reste aujourd’hui une dizaine, les autres ont pu se relancer avec l’huitre creuse qui avait été introduite du Japon et du Canada à partir de 1971.»
L'huitre en voie de disparition?
Or aujourd’hui c’est l’huitre creuse qui est décimée, alors de quoi est fait l’avenir ? «Actuellement on analyse à IFREMER – Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer – les possibilités d’introduire de nouveaux naissains du Japon» annonce Hervé Jenot. Une lueur d'espoir? Quoiqu’il arrive il faudra des années et peut-être même des décennies avant de retrouver un niveau de production normal.
«Actuellement c’est toute la côte Atlantique qui est touchée, et le phénomène progresse en Méditerranée et touche également l’Irlande» s'inquiète le Président de la section conchylicole de Bretagne sud. Pour la saison 2010 la production d’huitres est tombée à 80 000 tonnes contre 130 000 tonnes pour l’année précédente. Près de 700 tonnes sont exportés au Bénélux, et environ 450 tonnes sont livrées en Allemagne. Dans le même temps les prix s’envolent: 1,80 euro pour une huitre creuse de calibre 3 (4 huitres par kg) en 2008 contre 4,80 euros aujourd’hui.
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Authors: L'essentiel