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Vendredi, 31 Décembre 2010 10:54

En France Les partis nient avoir touché de l'argent

Selon des notes diplomatiques américaines divulguées par le site internet et rendues publiques mercredi par le quotidien espagnol El Pais, près de 30 millions d'euros auraient été détournés de la Banque des Etats d'Afrique centrale (BEAC) par le défunt président gabonais Omar Bongo.

Si ces fonds étaient principalement destinés au dirigeant et à son entourage, ils auraient aussi servi à financer plusieurs partis politiques français des deux camps, «surtout à droite,

en particulier à (l'ancien président français Jacques) Chirac mais aussi Sarkozy», selon ces mêmes notes.

Le PS pas concerné

Le trésorier du PS Régis Juanico assure que son mouvement «ne se sent en rien concerné par ces affirmations», notant au passage que «seuls des noms de droite sont cités». De son côté, le porte-parole de l'UMP (droite) Dominique Paillé affirme que «tout cela est totalement fantaisiste», invitant «d'autant plus à la prudence que les notes citées utilisent le conditionnel, ce qui démontre la très grande fragilité de ces accusations». La présidence française n'a pas réagi, conformément à la règle qu'elle s'est fixée de ne pas répondre aux allégations divulguées par WikiLeaks.

Depuis Libreville, le secrétaire général du Parti démocratique gabonais fondé par Omar Bongo, Faustin Boukoubi, a déploré qu'«on souille la mémoire» du défunt président, dénonçant des diffamations. À Paris, un des avocats de l'actuel président gabonais Ali Bongo a dénoncé des accusations «sans fondement». Me Patrick Maisonneuve a rappelé que les «détournements au préjudice de la BEAC» avaient fait l'objet d'un dépôt de plainte «à la demande d'Ali Bongo». «C'est donc assez paradoxal avec le fait que l'on puisse dire que son père ou lui auraient bénéficié de fonds détournés».

Giscard brise le silence

L'information relayée par WikiLeaks avait été donnée quatre jours après la mort d'Omar Bongo, en juin 2009, par un haut fonctionnaire de la BEAC à un diplomate de l'ambassade américaine au Cameroun. Celle-ci n'a toutefois pas été «en mesure de vérifier la véracité de l'accusation» visant des responsables français, selon le mémo.

Des rumeurs de financement de la vie politique française par Omar Bongo ont ont très souvent circulé, en France comme sur le continent africain, sur fond de relations privilégiées entre l'ancien dirigeant gabonais, au pouvoir depuis 1967, et une grande partie de la classe politique de l'ex-puissance coloniale. Après la mort d'Omar Bongo, l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981) avait spectaculairement rompu le silence entourant officiellement ce sujet en affirmant que le président gabonais avait financé en 1981 la campagne présidentielle de Jacques Chirac.

Des propos «dénués de tout fondement» pour Chirac

«Moi j'étais président de la République à l'époque», avait-il raconté sur la radio privée Europe 1. «J'ai appelé Bongo et je lui ai dit : vous soutenez actuellement la campagne de mon concurrent (Jacques Chirac), alors il y a eu un temps mort que j'entends encore et il m'a dit: Ah, vous le savez, ce qui était merveilleux. A partir de ce moment-là j'ai rompu mes relations personnelles avec lui».

Jacques Chirac avait plus tard dénoncé des propos «dénués de tout fondement» et ne relevant que «d'une médiocre polémique». «Nous savons tous précisément qu'Omar Bongo a financé de nombreuses campagnes électorales à droite mais aussi à gauche, parfois, peut-être. On l'a entendu dire. Je crains hélas que cela soit un peu vrai, y compris concernant la gauche», avait reconnu pour sa part le député socialiste André Vallini.

L'essentiel Online/AFP

Authors: L'essentiel

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Last modified on Mardi, 30 Novembre 1999 01:00
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